Plonger au coeur

Il est dans le langage commun de parler de « développement personnel ». Cette rubrique aux contours mal définis inclut les techniques de thérapie brève, de psychologie positive et toutes les disciplines telles que les constellations familiales, la sophrologie, la PNL, et tant d’autres, puis par extension, le tantra et pourquoi pas certaines voies spirituelles comme le chamanisme ou même la méditation.

Mes éditeurs m’ont souvent demandé si les livres que j’écrivais devaient être classés en spiritualité, en connaissance de soi, ou en ésotérisme. Car les librairies offrent tant de titres que nous avons besoin de les désigner par rubriques, par discipline, dans des cases et des rayons.

On dit facilement d’une personne qui suit une thérapie, qui veut améliorer ses compétences relationnelles, ou qui désire simplement mieux se connaître, ou donner du sens à son existence, qu’elle fait du développement personnel.

S’il est essentiel à mes yeux pour changer une société de commencer à se changer soi-même, s’il est essentiel de faire déjà la paix dans son cœur ou dans ses relations, pour avoir l’ambition de contribuer à la paix dans le monde, le développement personnel n’est pas une fin en soi.

Contrairement aux peuples premiers, où prime l’épanouissement de la tribu, ou du clan, nos sociétés modernes ont encouragé l’individualisme, le confort, le bien être personnel. Bien sûr, une thérapie, un travail sur soi, un stage nous permet de nous émanciper de vielles croyances aliénantes, de comportements routiniers et nous apporte un éclairage nouveau sur notre potentiel à vivre heureux et épanoui.

J’ai tant accompagné d’hommes et de femmes, depuis trente ans, sur le chemin de leur transformation, pour constater combien il pouvait être salvateur de prendre soin de soi avant de prendre soin des autres.

Cet épanouissement personnel passe par la connaissance de soi, le respect de soi et l’amour de soi. J’ai longtemps cru moi-même, lorsque j’ai découvert la méditation il y a trente ans, que méditer, c’était se couper du monde. C’est exactement l’inverse. Dans le fond de notre cœur dort la conscience de l’humanité.

Mon expérience de thérapeute m’a montré qu’on ne peut être respecté des autres tant que l’on n’apprend pas à se respecter soi-même, qu’il est sain d’apprendre à s’écouter, pour apprendre à entendre l’autre, à se comprendre, à poser ses limites, à prendre soin de soi. En découvrant et en développant nos ressources personnelles, on gagne en autonomie affective, émotionnelle, spirituelle et matérielle. Naturellement, il est dans notre prolongement alors, de vouloir prendre soin des autres.

On se transforme soi-même pour devenir plus serein, plus confiant dans l’avenir, plus stable émotionnellement. Si ce parcours est établi justement, nous serons enclins à vouloir prendre soin des autres, de notre famille, de nos amis, et des inconnus.
Car prendre soin est notre nature. Qu’il s’agisse de prendre soin de la nature, des animaux, des plantes, de ses enfants, des populations défavorisées, nous pouvons plus facilement prendre soin des autres quand nous avons appris à prendre soin de nous.

Aujourd’hui, mon équipe et moi et toutes les personnes et partenaires qui m’accompagnent dans nos projets, sommes heureux de contribuer à aider les peuples premiers, notamment par le biais des actions menées par Terre Anima. Cela est naturel et nous fait du bien avant tout parce que nous avons appris déjà à prendre soin de nous.

Le développement de la personne passe habituellement par trois stades :

  • Le stade égocentrique, qui consiste à prendre soin de soi,
  • le stade ethnocentrique, qui consiste à prendre soin de ses proches, de son ethnie,
  • et le stade mondocentrique, qui consiste à prendre soin de chaque être que nous rencontrons.

Ces phases sont successives et doivent être menées dans l’ordre.
Il existe alors un égocentrisme éclairé, celui qui nous réapprend le chemin de la conscience, celui qui nous éclaire sur les lois d’interdépendance et de causalité, celui qui nous prépare à être un individu responsable, conscient et aimant.

Il pourrait exister alors d’autres appellations pour nommer ce développement collectif, cette quête du bien commun. Peu importe les noms que nous donnons à ce mouvement, le fait est que nous sommes de plus en plus nombreux aujourd’hui à prendre soin de nous, pour apprendre à prendre soin de l’autre.

Si tu veux te découvrir, enseignait Teilhard De Chardin, va au bout du monde. Si tu veux connaître le monde, plonge au cœur de toi. Je vous souhaite à chacun cette plongée en vous qui vous incitera à prendre soin du monde.
 

Arnaud Riou