C’est une tradition, pour moi, depuis vingt ans, chaque année, de terminer l’année dans le Sahara. Une occasion de prendre de la hauteur sur l’année passée, d’envisager la suivante, mais surtout de relativiser et de remettre notre quotidien dans son contexte. La vie dans le désert nous révèle à notre fraternité, notre solidarité, mais aussi à notre humilité et à notre sobriété.
Nous pouvons vivre avec peu, où que nous soyons. Dans le désert, nous nous libérons du superflue, du regard de l’autre. Nous réalisons à quel point l’eau est précieuse, les fruits sont des cadeaux, à quel point la terre est vivante, sensible. Nous retrouvons contact avec la beauté de la planète.
Chaque jour, nous marchons avec les nomades du désert qui nous accompagnent. C’est leur générosité et leur joie qui est le plus communicative. Nous nous émerveillons de la simplicité, le lever, le coucher du soleil, le grand feu qui crépite dans la nuit étoilée, le silence. Le monde ne manque pas de merveilles. Il manque d’émerveillement, de notre capacité à nous émerveiller, à retrouver notre naïveté et notre regard d’enfant. Lorsque nous incarnons les liens humains authentiques et solidaires que nous ne devrions jamais perdre, nous retrouvons notre nature solaire, joyeuse et rayonnante.
Il y a quatre ans, face à la sécheresse, avec eux et Terre Anima, l’Association que j’ai l’honneur de présider, nous avons décidé de forer un puits dans le désert de la région de M’hamid. Ce puits alimente autant les caravanes de nomades, les dromadaires, que les animaux sauvages, les fennecs, les oiseaux.
Nous sommes allés visiter ce puits et nous sommes réjouis de constater qu’une eau claire alimentait toujours l’abreuvoir dédié. Nous avons décidé de forer avec eux un second puits sur le passage des dromadaires. Le forage débutera au début du printemps. Nous avons trouvé des nappes phréatiques à une quinzaine de mètres de profondeur.
Terre Anima va lancer une campagne de parrainage de familles. Le parrainage est une occasion de soutenir des familles défavorisées, dont l’un des parents ou les deux, sont décédés, et vivent dans la plus grande précarité.
Comme nous l’avons fait en Inde, en soutenant 40 familles, en Amazonie, où nous soutenons le forage de puits, la reforestation et le soutien aux autochtones. Nous continuerons à nous montrer solidaires, à tisser et renforcer les liens qui nous unissent les uns les autres, car les seules frontières qui existent sont les frontières du cœur. Celles que nous nous employons à dissiper jour après jour.
Recevoir, offrir, échanger, apprendre les uns des autres, partager notre expérience, s’écouter, se soutenir. Ce sont les composantes de toutes les relations de qualité, et des fondamentaux que nous devrions toujours entretenir.
Il est là, le véritable trésor du désert et le puits que nous cherchons tous.
Arnaud Riou