
On l’appelle, Matado, Sweat lodge, hutte de sudation, Inipi, ou Tunkan Tipi, chez les Lakota, Temazcal au Mexique. C’est l’une des pratiques chamaniques les plus anciennes de l’humanité, qu’on retrouve sur les cinq continents. Nos ancêtres les Celtes la pratiquaient également. On l’appelait alors « Le chaudron ». Elle était réalisée parfois à même la roche.
C’est un rituel de purification des plus puissants. Car dans la hutte, il ne s’agit pas que de suer. Pour les chamans, le corps physique et le corps énergétique sont toujours en interaction. Ainsi, nos émotions, nos peurs, nos colères, nos sentiments refoulés se cristallisent parfois et peuvent créer des perturbations émotionnelles, relationnelles et des pathologies, alors il faut se purifier de ce qui nous encombre, pour retrouver notre puissance et notre authenticité. La hutte décristallise ce qui a besoin de circuler. Elle est un puissant allié.


Dans certaines traditions, cette cérémonie était initiée par les hommes. Les femmes, en effet, sont naturellement sous l’effet de la lune. Leur cycle menstruel leur permet de purifier leur corps chaque mois.
C’est la période des lunes, où elles sont généralement plus sensibles, plus vulnérables, et ainsi, plus connectées à leur intuition, à leurs prémonitions et à leur authenticité.
La hutte se construit comme un utérus dans lequel nous allons nous retrouver. Dans l’obscurité totale, nous invitons les ancêtres qui s’incorporent dans des pierres de basalt, une roche volcanique qui a été longuement polie dans le lit de la rivière pendant des siècles et ramassées une à une.
Les pierres sont chauffées de longues heures dans le feu sacré. Elles sont portées dans les bois de cerf, jusqu’au centre de la hutte. On offre alors aux ancêtres le genévrier, la sauge, et d’autres plantes médicinales qui crépitent et permettent d’augmenter la température et de recevoir le message de nos guides.
Dans notre pratique de la hutte, nous participions tous à sa construction. Ce n’est pas une pratique qu’on consomme, mais un moment de reliance entre nous, avec les ancêtres et avec la terre mère. Nous sollicitons le bois de noisetier, symbole de souplesse et de sensibilité pour la construire, nous déposons dans chaque trou une pincée de tabac sacré séché pendant 21 jours. Chaque geste, chaque nœud, chaque direction est portée par un symbole fort et enseigné à chacun. Le rituel permet d’associer l’acte à l’intention.
La préparation de la hutte dure une journée entière et la cérémonie de sudation en elle-même peut durer deux, trois, quatre heures, parfois plus. Ce sont les pierres qui nous guident au fil des quatre portes, comme quatre points cardinaux et délivrent leur message. Durant la hutte, le temps s’arrête.
Vivre une hutte de sudation est une expérience unique et transformatrice. La hutte nous encourage à laisser tomber nos masques, à laisser fondre les couches de l’égo. Sous la hutte peuvent être partagés des enseignements, des initiations, des chants, des rires, ou des pleurs. Cela dépend de l’énergie du moment et de la disposition des participants. Je ne pourrai vous livrer ici ce qui se dit dans la hutte. Tout reste dans l’intimité de ceux qui la consacrent.


Cette semaine, au Moulin de Beaupré, nous avons partagé une hutte de sudation avec les futurs praticiens de l’Académie de l’Acte, qui suivent le parcours Congruence. Un parcours où pendant trois ans, ces coachs, thérapeutes, dans le domaine de la santé ou du bien être visitent leur culture et leur histoire.
Il me tient à cœur dans ce cursus de la Voie de l’Acte ®, comme dans chaque formation que j’anime, de tisser des liens forts, entre les pratiques ancestrales issues des peuples premiers et de nos propres traditions, des arts martiaux, et des méthodes de coaching qui s’inspirent des neurosciences et de la psychologie moderne. C’est un accompagnement holistique adapté à notre monde moderne. Car une transformation est toujours globale. Il ne suffit pas de parler de ce que nous voulons changer. Le rituel, la mise en situation, l’engagement physique et émotionnel accompagnent chacun dans sa transformation.
Nous vivons, au niveau de l’humanité, une période de bouleversement et de métamorphose. Nous avons besoin de réinventer un monde qui s’appuie sur des valeurs fortes et partagées.
Arnaud Riou