
Il arrive parfois, lorsque je donne une conférence, notamment sur des thèmes sensibles liés aux relations ou à la spiritualité, qu’un spectateur me pose la question : « Comment le savez-vous ? Quelles sont vos sources ? » Répondre simplement que je le sais ne suffit pas, peut-être pourrait-on se demander d’où vient ce que l’on sait et quelle est la différence entre nos différentes formes d’apprentissage.
Savoir ou connaissance
On confond souvent le savoir et la connaissance. Le savoir concerne l’ensemble des informations que l’on a apprises, que ce soit à l’école, à travers des livres ou des enseignements. La connaissance est constituée de ce que l’on a expérimenté. Ainsi, par exemple, je sais que l’eau est bonne pour ma santé, mais je serai incapable de le prouver scientifiquement. Pour autant, j’en bois quotidiennement et je sais que cela m’est vital. C’est une connaissance et non un savoir.
On pourrait m’opposer mille études qui prouvent que le fait de boire une eau pure est mauvais pour la santé, cela ne parviendrait pas à me convaincre ni à me faire changer mes habitudes. Le savoir est constitué de ce que l’on croit, de ce que l’on connaît, la connaissance de ce que l’on sait.
La différence entre le savoir et la connaissance, c’est que la connaissance nous sécurise. Pas le savoir. Le savoir nous rend plus érudit, mais pas plus intelligent, et sûrement pas plus heureux. La connaissance nous rend avant tout plus sage et ainsi plus serein.
L’intelligence intellectuelle ou l’intelligence émotionnelle ?
Nous avons tendance, lorsque nous parlons d’intelligence, à faire référence au cerveau et à notre quotient intellectuel. Ceux qui sont intelligents seraient ceux qui ont suivi de grandes études, qui ont beaucoup lu. Ils maîtrisent la parole et ne sont jamais en manque d’arguments et de références.
Mais cette forme d’intelligence qui se mesure par le biais des concours, des examens, ou du test de quotient intellectuel ne nous parle pas de notre intelligence, mais de notre intelligence intellectuelle, de notre savoir. Celui qui nous rend plus érudit.
Il existe au moins deux autres formes d’intelligence et deux autres véritables cerveaux. Le premier est notre cœur, centre de notre intelligence émotionnelle. Car, quels que soient nos études entreprises, nos diplômes, lorsque notre enfant pleure et demande à être pris dans les bras, lorsque nous sommes en colère et cherchons à nous calmer, nos études ne nous sont d’aucune utilité. C’est notre cœur qui guide nos paroles et nos actes.
Notre intelligence intellectuelle ne nous rend pas plus heureux. Plus érudit oui, mais pas plus heureux. Le fait de savoir écouter son cœur et réguler ses émotions, en revanche, joue sur notre bien-être et notre bonheur. On mesure notre intelligence émotionnelle par notre capacité à réagir émotionnellement dans les différentes situations quotidiennes.
Enfin, notre troisième intelligence est située dans notre hara. C’est notre intelligence vitale, celle qu’utilisent tous les animaux pour retrouver leur route, creuser leur terrier, organiser spontanément les migrations, mettre bas leur portée et s’occuper de leurs bébés.
La connaissance et le savoir
Le savoir rend érudit, la connaissance rend sage, car le savoir s’apprend en silo. Ainsi, on peut parfaitement connaître toutes les dates de l’histoire de France, mais n’avoir aucune notion de biologie. On peut avoir étudié la médecine à la faculté, mais n’avoir toujours aucune idée de l’origine des maladies ; comme on peut avoir étudié la cuisine et l’alimentation et ne pas savoir se maintenir en bonne santé.
La connaissance passe par l’expérience. Elle tisse les liens entre les différentes disciplines. Elle s’appuie sur une cohérence holistique, une intelligence systémique, qui multiplie et superpose les différents prismes. La connaissance nous permet de multiplier nos points de vue et ainsi d’explorer une pensée complexe, d’intégrer la nuance, la pondération et la tolérance. L’expérience nous rend peut-être plus intelligent, pourvu que notre expérience passe par le filtre de nos trois intelligences.
« Je crois », dit la tête ; « je sens », dit le cœur ; « je sais », dit le corps. Ce n’est que dans l’alignement de ces trois centres que nous nous connecterons à la source de notre intelligence. Peut-être alors, face aux défis climatiques, sociaux, environnementaux de notre époque, cesserons-nous de chercher à résoudre les problèmes avec notre tête et sonderons-nous davantage notre cœur pour incarner la réponse juste.