Assumer sa nature

J’ai tellement projeté d’images sur le terme « d’enseignant spirituel ».

« Un enseignant spirituel sait tout de la spiritualité. » « C’est un sage à la barbe blanche. » « Il évoque des thèmes sérieux. » « Il n’est plus intéressé par les affaires terrestres. » « Il médite toute la journée. » « Il a atteint l’éveil. »

Il faut dire que j’ai eu la chance de recevoir les enseignements de si grands maîtres. Des lamas tibétains, des chamans, des hommes-médecine. Depuis l’âge de vingt-quatre ans, j’ai multiplié tant de retraites, de voyages, en Inde, au Tibet, et reçu tant d’enseignements et d’initiations, ici en France. Toute ma vie a été guidée par cette recherche. Dans ces transmissions d’enseignements, j’ai été impressionné plus par la posture de mes enseignants que par leur érudition.

On n’enseigne pas ce qu’on dit, on enseigne ce qu’on est. On peut parler de Dieu sans l’avoir jamais rencontré, comme on peut parler du cœur en ayant le sien verrouillé.

Les grands maîtres que j’ai rencontrés transmettaient plutôt des enseignements simples, accessibles, joyeux. Ils m’ont tellement inspiré.

Parce que j’ai écrit une douzaine de livres traitant de spiritualité, on me décrit souvent comme un « enseignant spirituel ». Je suis longtemps resté inconfortable avec cette définition. D’une part parce que je n’aime pas les étiquettes qui collent à la peau, d’autre part parce que ça m’enfermait plus qu’autre chose de rentrer dans une case.

Je passe peu de temps à me définir. Je laisse cela à chacun. Je me contente d’agir humblement à partir de ma vocation et de ce que me dicte mon cœur.

enseignant spirituel

Pour autant, parce que depuis trente ans, presque tous les jours de l’année, j’enseigne, à travers mes livres, mes conférences, ou mes formations, parce que la spiritualité est le sujet que j’ai le plus exploré, et qu’elle a toujours été le moteur de mes recherches, de mes actions et de mon quotidien, j’accepte d’en assumer la fonction.

Je regarde ce rôle d’enseignant spirituel comme l’acteur regarde le personnage qu’il joue au théâtre. En interprétant son rôle avec toute sa sincérité, et en étant conscient que ce n’est qu’un rôle.

Un enseignant spirituel n’a pas plus de mérite à mes yeux qu’un plombier, qu’un couvreur, qu’un instituteur, ou qu’une infirmière. Ce qui fait toute la différence, c’est l’art de chacun à prendre soin.

Prendre soin est une vocation et c’est notre nature de prendre soin à partir de notre talent. Prendre soin de son jardin, des animaux, des personnes qu’on reçoit à table, ou des lecteurs de nos livres, en fonction de notre vocation.

Nous cachons souvent notre lumière, notre talent, soi-disant par humilité, parce qu’on ne veut pas se montrer, parce qu’on ne veut pas se la péter, parce qu’on ne veut pas attirer les critiques. Cette fausse humilité n’honore pas notre âme. Notre humilité, c’est de reconnaître chacun notre talent et de l’incarner. Le corbeau n’est pas plus humble que le paon. Chacun assume simplement sa nature.

L’humilité, c’est d’accueillir et de partager sa nature.
Et si possible, de le faire avec humour, sans se prendre au sérieux. Car tout cela n’est qu’un jeu…

Et vous ? Assumez-vous votre nature ?

Arnaud Riou