Depuis la nuit des temps, les hommes cohabitent avec les animaux. Parfois, ils les craignent, parfois, ils cherchent à les apprivoiser. Entre l’homme et l’animal, c’est une relation de proximité et de fascination qui s’affine au fil des générations.

Dans ce rapport à l’animal, on ne sait pas toujours qui est la proie de l’autre… Par exemple, si le requin apparaît comme l’un des prédateurs les plus redoutés de la planète, c’est en réalité « seulement » 12 personnes qui n’ont pas survécu à une attaque de requin en 2014 – contre 160 millions de requins que l’homme pêche chaque année uniquement pour le goût de ses ailerons.

Nos ancêtres, qui vivaient plus en proximité qu’aujourd’hui avec eux, devaient apprendre à identifier les animaux sauvages, leur rythme, leur terrain de chasse, leur alimentation ; ils étudiaient attentivement les règles qui permettent une cohabitation harmonieuse des écosystèmes.

Ils savaient les reconnaître, s’en protéger si besoin, les chasser. S’en inspirer, car les animaux sont source d’exemple quand ils recourent à de nombreuses qualités pour se maintenir en vie dans la nature.

L’HISTOIRE DES ANIMAUX TOTEMS

Lorsqu’ils avaient besoin de développer une qualité particulière, les Celtes se rapprochaient d’un animal en particulier. L’Ours pour sa force, le Bélier pour sa détermination, le Renard pour son intelligence et son sens de l’orientation, l’Aigle pour son sens de l’équilibre. Ils décoraient leur casque de cornes de bélier, de queue de renard ou se recouvraient de la peau d’un ours. Ainsi, ils fusionnaient avec l’esprit de l’animal qu’ils venaient de tuer et pouvaient littéralement incarner les qualités de celui-ci.

Il y avait le clan de l’Ours, le clan du Saumon, du Renard… La fusion était telle que beaucoup de nos ancêtres ont pris le nom de leur animal totem. Les bardes chantaient les vertus des animaux du clan ; des odes, des offrandes et des rituels leur étaient dédiés.

Cette connexion de l’homme avec l’animal a existé sur les cinq continents depuis des siècles. Les Amérindiens appuient leur roue de médecine sur l’enseignement des animaux totems. Les quatre animaux maîtres sont chacun gardien d’une direction : l’Aigle à l’Est, le Loup au Sud, l’Ours à l’Ouest, le Bison au Nord. Chaque animal correspond également à la protection d’un âge (l’enfance, l’adulte, le parent, le grand-parent) et à une saison (le printemps, l’été, l’automne et l’hiver). Pour les chamans, les animaux totems sont un outil supplémentaire pour mieux ressentir et mieux vivre en harmonie avec la nature.

DES ANIMAUX TOTEMS À LA PRÉHISTOIRE

Déjà, les chasseurs préhistoriques rendaient hommage aux animaux. Les peintures que l’on découvre sur les murs des grottes de Lascaux et ailleurs en Dordogne ou en Ariège ne sont probablement pas uniquement des décorations. D’ailleurs, les hommes préhistoriques ne dormaient pas dans les profondeurs de la grotte. Ils pénétraient dans les entrailles de la terre pour se connecter avec l’âme des animaux à l’occasion de rituels. Dans certaines grottes, on retrouve ainsi des peintures préhistoriques probablement peintes dans un état modifié de conscience où l’homme est représenté en train de se métamorphoser en animal ; où la femme devient bison, l’homme ours ou auroch. Ces processus sont assez similaires aux peintures réalisées par les chamans en Amérique du Sud après la prise d’ayahuasca, la liane du temps, une plante aux vertus hallucinogènes.

SE RELIER À SON ANIMAL TOTEM

Dans toutes les traditions chamaniques, l’homme cherche à se relier avec son animal totem. L’animal totem joue sensiblement le même rôle que les anges gardiens dans la tradition chrétienne. Ils nous accompagnent, nous inspirent et nous encouragent sans jamais interférer dans notre libre arbitre…

C’est l’animal qui vient à nous plus que nous allons à lui. Beaucoup rêvent de rencontrer un ours, un aigle ou un lion – et sont visités par une fourmi ou une limace.

D’un point de vue chamanique, aucun animal n’est supérieur à un autre. L’araignée par exemple a le pouvoir de jeûner pendant plusieurs mois sans bouger ; elle vient ainsi enseigner la patience et la sobriété volontaire.

La grenouille est connue dans le monde chamanique pour les vertus de sa peau. La peau de grenouille était utilisée pour fabriquer des onguents et soigner autant l’eczéma, les psoriasis que les verrues.

Le saumon remonte la rivière. Lorsqu’il se présente à nous, c’est généralement pour nous inviter à remonter le temps, à revisiter notre histoire.

Chaque animal a une qualité particulière et vient nous la présenter au moment de la rencontre.

COMMENT RENCONTRER SON ANIMAL TOTEM

Il existe différentes méditations qui visent à nous relier à notre animal totem. Généralement, les méditations ont lieu en position allongée pour vous permettre d’être totalement détendu. Relaxez-vous, respirez profondément. La rencontre peut être accompagnée du tambour ou avec une musique particulière. Le voyageur explore les mondes d’en bas comme il voyage dans les tréfonds de son inconscient et dans ses univers parallèles ; c’est dans ce monde que l’animal totem apparaît.

L’animal totem apparaît généralement comme une vision assez claire. Cette vision peut être fugitive ou plus récurrente. Nous n’avons qu’un animal totem, même si nous pouvons rencontrer d’autres formes d’animaux qui sont des animaux de guérison, des animaux qui nous accompagnent ponctuellement. L’animal totem nous est fidèle et nous accompagne toute notre vie.

Après la rencontre avec son animal totem, il n’est pas rare que sa présence se manifeste sous d’autres formes. C’est une image qui attire notre attention sur un magazine, une photo qu’on nous offre. Le croisement de plusieurs visites de l’animal totem vient nous confirmer dans notre lien.

VIVRE AVEC SON ANIMAL TOTEM

Si la rencontre avec l’animal totem est une initiation déterminante dans le parcours chamanique, il est important de se rappeler que celui-ci ne vient pas se substituer à notre libre arbitre. En aucun cas, il ne vient décider pour nous. Nous avons chacun une place à prendre sur la terre pour incarner pleinement notre mission de vie. Nous pouvons pour cela développer des qualités particulières : la patience, la fougue, le courage, l’habileté. C’est lorsque ces défis terrestres nous semblent hors de portée que les animaux totem nous apparaissent, comme pour nous rappeler qu’entre nos pulsions animales qui nous attirent à la terre et l’aspiration spirituelle qui nous élève vers les cieux, nous sommes des hommes !