EXTRAIT DE LIVRE
De A comme anecdotes à V comme volume sonore en passant par écoute active, cet abécédaire propose des mots clés pour bien soigner ses interventions en public
Arnaud Riou propose dans son livre « Oser parler et savoir dire* », de trouver le mot juste pour faire entendre ses idées et, qui sait, devenir un grand orateur. Arguments, trous de mémoire, franchise, trac, humour…Trouver le mot juste est un art qui peut influencer chacune de nos relations.
Anecdotes :
Elles sont bienvenues pour ponctuer vos interventions. Ce sont d’elles que vos auditeurs se souviendront, car elles sont plus vivantes et imagées que les généralités. Pour qu’elles ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe, intégrez-les à votre récit en faisant le lien entre les anecdotes, l’enseignement que vous en avez tiré et le thème de la conversation.
Arguments :
Appuyez-vous toujours sur votre propre expérience pour argumenter. Evitez les généralités pour vous concentrer sur ce que vous-meme avez vécu. On peut remettre en question un point de vue, jamais une expérience.
Articulation :
Adoptez une articulation claire en accentuant les débuts et les fins de phrases.
Blancs, trous de mémoire :
Réputés comme la hantise des acteurs, ces instants de panique où l’on ne retrouve plus son texte sont en fait les indicateurs d’un manque de lien, avec vous et avec l’autre.
Conflit :
Un conflit peut etre un moyen d’améliorer une relation, d’en apprendre davantage sur l’autre comme sur vous. Les conflits latents sont toxiques. Ils sont comme un orage qui n’éclaterait jamais. Un conflit qui éclate peut etre l’occasion de revenir à une relation authentique.
Déplacements :
Lorsque vous parlez en public, ne restez pas immobile. Ne parlez pas pour autant en marchant. Trouvez un équilibre entre l’immobilité et les déplacements. Posez-vous et parlez lorsque vous etes dans l’immobilité ; respirez et revenez à vous dans les déplacements. Sur une intervention scénique d’une dizaine de minutes, il est bon de prévoir trois ou quatre déplacements.
Ecoute active :
Ecouter l’autre demande beaucoup de présence. Lorsqu’une personne s’adresse à vous, ne tombez pas dans les pièges qui coupent l’écoute active : ramener à soi, trouver des solutions, minimiser, passer à autre chose, dramatiser.
Emotivité :
N’ayez pas peur de votre peur. Les émotions sont nécessaires. Elles vous parlent de vous et vous signalent qu’un besoin n’est pas satisfait.
Franchise :
La franchise est toujours appréciée profondément, meme si, parfois, son usage peut gratter l’amour-propre. Vous pouvez etre franc et bienveillant. Pour cela, assurez-vous d’etre en lien avec votre interlocuteur. Si votre lien est authentique au moment où vous parlez à votre interlocuteur, vous capterez dans son regard ce qu’il est pret à entendre.
Gestes :
Adoptez des gestes larges qui s’appuient sur une respiration profonde. Plus votre respiration sera profonde, plus vos gestes seront naturels et harmonieux. (…) Evitez de reproduire des gestes stéréotypés ; écoutez ce que vos mains ont à vous dire.
Humour :
L’humour est la plus grande qualité des orateurs expérimentés. Il est apprécié quand il est léger et bienveillant. Evitez en revanche les histoires belges, l’humour de banquet et l’humour noir ; tout comme le cynisme, ces formes sont toujours mal percues. Soyez léger, bienveillant , et vous découvrirez le délicieux voile de l’humour qui accompagne les situations meme les plus sensibles.
Introduction :
Soignez toujours votre première image. Appuyez-vous sur une phrase d’auteur, une anecdote, une citation. Démarrez avec assurance en regardant vos interlocuteurs dans les yeux.
Joie :
Il n’existe pas d’interventions brillantes sans joie de communiquer. Le désir est le moteur des grands orateurs, meme si ce que vous avez à dire est difficile et demande de la profondeur. Ce n’est pas contradictoire. Appréciez ce que vous faites et ressentez la joie qui, derrière la gravité, abrite la profondeur.
Khi :
C’est l’ énergie vitale intérieure, le souffle profond sur lequel s’appuiera la fluidité de votre verbe. Le khi se développe notamment lorsque vous associez la respiration profonde à la conscience de vos gestes.
Lecture :
Lorsque vous devez lire un texte, prenez votre temps. Les acteurs qui lisent en public ont toujours un temps d’avance sur le spectateur. Ce temps correspond environ à une demi-ligne. L’orateur lit la ligne, l’enregistre et lit à haute voix. Il y a ainsi toujours un décalage entre ce qui est lu et ce qui est dit. Ce décalage demande un entrainement pour conserver au texte sa fluidité. Cette technique permet d’éviter les accrocs, les hésitations et les faiblesses de lecture.
Microphone :
Un microphone amplifie autant vos défauts que vos qualités. Prenez le temps de le tester quelques secondes avant de l’utiliser, de facon à trouver la distance juste (un micro unidirectionnel demande une position plus précise qu’un micro multidirectionnel ; renseignez-vous sur ce détail).
Objectivité :
L’objectivité consiste à narrer les faits tels qu’ils sont, sans interpréter ni exagérer. Préférez les termes et mesures précis aux généralités. Observez attentivement, rapportez les faits avec objectivité, puis indiquez votre ressenti.
Ponctuation :
La ponctuation est l’ensemble des notes qui met vos mots en musique. Intégrez les virgules, les points d’exclamation, les guillemets et le point final.
Question :
Il n’existe pas de question piège. Ce qu’on appelle les questions genantes ne sont que des occasions qui vous sont données d’intégrer plus de sincérité et donc de profondeur dans votre intervention. (…) Un bon orateur est un etre qui assume son humanité et répond avec sincérité et bienveillance aux questions qui lui sont posées.
Reformulation :
Reformuler la question, ou le témoignage, d’une personne qui s’adresse à vous lui permet, à elle, d’etre rassurée sur le fait que vous suivez le fil de sa pensée, à vous, de mieux assimiler son point de vue en renforcant la qualité du lien.
Relief du corps :
Votre corps est naturellement en relief. Inutile de vous figer dans une position qui n’est pas naturelle au moment de prendre la parole en public. Apparaissez tel que vous etes. D’une facon naturelle, préférez les trois quarts à la position de face, car l’oeil a besoin de relief pour s’accrocher.
Silences :
La différence entre un trou de mémoire et un silence, c’est qu’un trou de mémoire est subi, alors qu’un silence est choisi. Les silences sont aussi indispensables en musique qu’ils le sont dans votre communication. Ils permettent l’assimilation et la compréhension du texte. Utilisez-les en vous appuyant sur la respiration.
Trac :
C’est le combustible de votre confiance, l’énergie pure qui ne demande qu’à etre canalisée dans les moments où vous devez vous surpasser. Ne redoutez pas le trac.
Volume sonore :
Adaptez toujours votre volume sonore à votre auditoire. Parlez naturellement avec deux ou trois personnes. Projetez légèrement la voix en ralentissant votre rythme devant dix personnes. Articulez et augmentez le volume pour trente personnes. Au-delà, vérifiez l’utilité d’un microphone.
* Ce texte est extrait du livre « Oser parler et savoir dire », par Arnaud Riou, aux Editions de l’Homme, 288 pages, 21 euros.