Le 4 avril 1916, il y a tout juste un siècle, Rudolf Steiner prophétisait :

« Il ne faudra pas attendre longtemps après l’an 2000 pour que le monde ait à vivre des choses étranges. La plus grande partie de l’humanité sera sous l’influence de l’Ouest. On verra apparaître, venant d’Amérique, une sorte d’interdiction de penser, non pas directe mais indirecte, une loi qui aura pour but de réprimer toute pensée individuelle. On assistera à une nouvelle forme d’oppression généralisée de la pensée. »

Puis il ajouta : « Il faut que l’apport des découvertes soit tel qu’un contrepoids suffisant soit introduit dans l’évolution du monde. Et il le sera. »

Aujourd’hui, cette répression de la pensée individuelle est tangible à travers tous les prismes de notre société. La sécurité, l’éducation, la santé.

Les accords autour de TAFTA, comme ceux des Commissions européennes, imposent subrepticement une façon uniforme de s’alimenter, de consommer, de se soigner. Ce sont des petits changements dans les réglementations qui orientent des petites transformations quotidiennes dans les mentalités et dans les habitudes.

Il est devenu normal aujourd’hui qu’une tomate dans un supermarché ait subi vingt-sept traitements phytosanitaires. Tandis qu’on appelle les « fruits et légumes moches » ceux que nous offre la nature.

Au nom de la norme, on rogne jour après jour ce qui dépasse, ce qui est différent. Les entreprises qui polluent ou mettent sur le marché chaque année des produits toxiques sont souvent moins inquiétées que les lanceurs d’alertes qui les dénoncent.

Il existe au sein d’une société principalement deux moteurs : la sécurité et la liberté. C’est souvent au nom de l’un que l’on veut réprimer l’autre, sans réaliser que la fragilisation de notre sentiment de liberté finit paradoxalement par nous insécuriser.

C’est être marginal et parfois prendre des risques que de se soigner différemment, que de sortir des rangs pour consommer en suivant le bon sens et la conscience, en privilégiant le bio, les circuits courts, les circuits raisonnés. C’est être marginal que de sortir des sentiers battus pour créer, innover, entreprendre différemment, surprendre, désobéir, oser, prendre des risques, se sentir vivant !

Toutes ces initiatives renforcent le contrepoids nécessaire qu’évoque Steiner.

Aujourd’hui, pour refuser la pensée unique, tant d’initiatives, de créations voient le jour. Ici et là, des individus et des associations sortent des rangs. Ils se réunissent pour créer, consommer, innover différemment. Ils portent en eux la guérison du monde.

La guérison naît toujours de la blessure. Et c’est parce que nous avons été malades et nous avons affaibli notre planète que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir chacun contribuer à la guérison du monde.

Je crois profondément que la guérison du monde est en marche. Les consciences s’ouvrent ici et là, et on reconnaît le cœur et le bon sens comme un véritable moteur. Le contrepoids commence à peser dans la balance.

C’est par la méditation, la réflexion, l’étude honnête que nous prendrons conscience de notre pouvoir et de notre aptitude à poser, par des actes, les pierres sur lesquelles nous construisons ce monde auquel nous aspirons.