Au théâtre, on dit d’un acteur charismatique qu’il a de la présence. Michel Serrault, Michel Piccoli, Jean-Louis Trintignant – pour n’en citer que quelques-uns – se démarquent sur la scène comme à l’écran par la qualité de leur présence. Le moindre de leur mouvement est sacralisé, mis en valeur par une magie à peine perceptible, une intention délicate. Mais d’où vient cette qualité qui fait les grands acteurs ? La présence est-elle réservée aux artistes ?
GAGNER EN PRÉSENCE
Avoir de la présence, c’est être vivant, ici et maintenant, à la moindre de nos actions, c’est être pleinement dans la marche lorsque nous marchons, pleinement à notre repas lorsque nous mangeons, pleinement à l’écoute d’une personne lorsque nous écoutons, pleinement à la lecture lorsque nous lisons.
Cet état demande de la vigilance, car les pensées nous éloignent de notre présence et notre mental est toujours en action. Nous produisons en moyenne 80 000 pensées par jour. Des pensées qui nous suggèrent ce qui devrait être, ce qui aurait pu être, ce qui a été et ce qui sera.
Ainsi, nous parlons l’après-midi de ce que nous allons manger le soir, nous dînons en racontant ce que nous avons fait la journée ; nous conduisons en pensant au rendez-vous qui nous attend, et nous cueillons une fleur en pensant à la personne à qui nous allons l’offrir.
Dans tous ces moments où nous sommes absents à nos gestes, notre corps est vide et nous pénétrons le monde des pensées, le monde virtuel. Nous nous éloignons de LA vie pour vivre NOTRE vie.
LA MÉDITATION DE LA PLEINE CONSCIENCE
La méditation de la pleine conscience nous apprend à vivre sereinement l’instant présent, à ralentir notre pas pour goûter chaque geste, chaque rencontre, chaque respiration. En développant la pleine conscience, les plats que nous mangeons ont plus de goût, les odeurs sont plus délicates, faire l’amour est plus intense.
En étant plus présents, nous sommes pleins de nous, et ainsi plus ouverts à l’autre, plus sereins, plus confiants, plus lucides, aussi.
La pleine conscience nous demande de ralentir le moindre de nos mouvements pour mieux sentir notre corps, nos muscles, nos ligaments, notre peau.
Nous pouvons tous développer la pleine conscience en étant concentrés. Lorsque nous nous lavons les mains, concentrons-nous à sentir l’eau couler sur la peau, le savon glisser entre nos doigts. Nous pouvons tous développer la pleine conscience en étant continuellement attentifs à notre corps physique et à notre respiration. En étant plus présents, nous ne cassons plus de vaisselle et nous nous cognons moins par distraction, nous apprécions davantage les petites merveilles du quotidien ; et cerise sur le gâteau, nous incarnons cette qualité des grands acteurs : la présence !
Avez-vous de la présence ?
Bonjour Arnaud,
J’ai terminé le mois dernier le livre de Stanislas Dehaene, un spécialiste de la psychologie cognitive expérimentale, « Le Code de la conscience » qui cherche dans l’activité des neurones les manifestations de la conscience, de l’inconscient, de l’attention, etc. On y découvre que le cerveau a une « activité de fond » en permanence. Il fait des projets, des plans, associe des pensées, compare des concepts, etc. Ce que chacun peut d’ailleurs constater, mais que les scientifiques « voient » clairement. Cela explique que nos idées vagabondent facilement dès que nous nous livrons à une activité routinière qui ne mobilise pas l’attention du cerveau, comme se laver les mains, manger, marcher. Je comprends parfaitement l’intérêt de la pleine conscience pour être davantage présent à notre réalité, pour se situer « Ici et maintenant ». Mais je me pose une question : si cette activité de fond du cerveau est un mécanisme que l’évolution a mis en place pour nous aider à traiter le passé et envisager des pistes pour l’avenir, pour créer aussi de nouvelles idées, de nouvelles combinaisons, est-ce que le fait de forcer le cerveau à s’intéresser à des actes anodins du quotidien (ce qui, avec l’âge, je le reconnais, s’avère indispensable pour éviter les erreurs et les oublis !) ne risque pas de le fatiguer, de le contrarier et, au final, de le détourner de son objectif principal qui semble être d’imaginer et de construire mentalement notre futur ? Je m’interroge.
Avez-vous de la présence ?
Bonjour Christian, la méditation permet de renforcer la conscience du moment présent. Il ne s’agit pas pour autant de zapper le passé et le futur. Mais dans les différentes voies de sagesse orientale, la méditation est une voie pour apaiser les forces du mental ; ces pensées discursives qui nous font souvent préférer la projection virtuelle à la réalité. être dans le moment présent, c’est quitter les projections pour se fondre dans la réalité. C’est quitter notre monde mental, pour rentrer dans le monde !
Arnaud
Avez-vous de la présence ?
MERCI pour ce texte! SUPER de rappeler l’importance de la PRÉSENCE au présent!
Hélène
Québec
Avez-vous de la présence ?
Cher Arnaud, beau message et essence même de la vie que la contemplation de ce qui Est. Si je puis me permettre, il me semble qu’il y a quelque chose d’incompris dans le message de Christian : il ne s’agit pas de forcer le cerveau à s’intéresser à, bien au contraire. La méditation apporte l’ouverture et la détente nécessaires pour mieux faire et appréhender les choses du quotidien. Quant à concevoir tous les actes du quotidien comme des actes anodins, voilà bien une distorsion du mental : qu’est-ce qu’une chose anodine ? Les plus petites choses de la Vie, qui se répètent chaque jour, ne sont-elles pas précisément les plus sacrées ? Or, le Sacré se découvre dans la pleine présence, dans l’être avec. Et là seulement, l’homme devient Homme pour imaginer et construire son futur, dans la sérénité retrouvée. Pourquoi ne pas en faire l’expérience ? Le carnet de méditation CALME peut certainement vous aider à inscrire cette présence dans votre quotidien… et ainsi (re)découvrir la joie d’essuyer la vaisselle, de repasser une chemise, de boire un thé, de regarder une fleur s’épanouir ;-)). Chaque chose a la même intensité ; seul votre mental trie les expériences par ordre d’intérêt. Prendre le parti de leur accorder le même intérêt, c’est quitter notre monde pour habiter enfin LE MONDE. Très belle journée à tous deux !